Des premiers chiens de traîneaux en Suisse…. aux courses internationales de Saignelégier
Années 60
Pour la première fois, un camp d’entraînement est organisé en Suisse, à Engelberg en 1966. Ces premières confrontations se déroulent sur des parcours de 700 m à 1 km. Les chiens des différents propriétaires composent un attelage, le musher tente de le diriger et un accompagnant en baskets court à côté des chiens tandis que leurs propriétaires les appellent sur la ligne d’arrivée !
Petit à petit nous parviennent les photos et les films S8 sur la plus grande course au monde, l’Iditarod, 1800 miles reliant Anchorage à Nomé, en Alaska. Une épopée fantastique, commémorant l’exploit d’un Indien transportant à traîneau à chiens les vaccins à Nomé, touchée par une épidémie de choléra lors d’un hiver paralysant tout trafic maritime et aérien.
Dans les années 60, la KLM ouvre la voie aérienne pour le Japon en passant par le Nord, avec escale à Anchorage. Lau van Leuven, pilote et commandant de bord, noue des contacts avec les esquimaux et les trappeurs, eux en admiration devant ces avions géants, lui en extase devant ces superbes chiens et traîneaux.
Entre eux s’établissent des liens d’amitié : Lau van Leuven apprend les rudiments du langage inuit mais surtout comment atteler et diriger seul un attelage de 5 à 18 chiens. En 1975, il participe à la Course de Saignelégier avec ses propres chiens et chacun peut profiter de ses très vastes connaissances.
Cette année-là, Paul-Emile Victor, l’explorateur, captive les futurs mushers lors d’un week-end à Genève. Mais j’anticipe.
Pourquoi et comment à Saignelégier ?
Septembre 1972
Au hasard d’une rencontre, trois des animateurs de la SDES nouent les premiers contacts avec MM Zimmermann, Felder, Habegger et Wildi à la recherche d’une région idéale pour la pratique du traîneau à chiens. La SDES, qui planche sur une grande manifestation hivernale, craque à la vue des quelques photos d’attelages.
Le 2 janvier suivant, Frisé, qui a une peur maladive des chiens, est « musher » sur le traîneau pour une reconnaissance de parcours possible. Au fil des kilomètres, sa peur s’est dissoute pour se muer en véritable passion.
24-25 février 1973
Première course à Saignelégier, dans une tempête effroyable, la neige recouvrant murs et clôtures. Une piste est tracée avec une moto-luge, on se croirait en Alaska. Au départ : 7 attelages, quelques 300 spectateurs.
La presse est enthousiaste, des photos sont publiées par tous les journaux suisses et européens, oui, car c’est bien une première européenne !
Dès cette époque, les changements climatiques sont de plus en plus perceptibles et les courses parfois annulées, faute de neige. Heureusement, quelques années fastes entretiennent la ferveur des bénévoles et des spectateurs.
De 1974 à 1990
Les meilleures éditions ont lieu en 1975 et en 1978 avec la présence de TF1 pour l’émission « 30 millions d’amis ». José Giovanni, par un film magnifique de 25 minutes diffusé à deux reprises par TF1, assure la renommée des Courses internationales de Saignelégier.
En 1981, paysage de carte postale, tout est blanc, le givre éclate sous le soleil : un succès énorme et des images inoubliables.
En 1982, la neige est rare à Saignelégier : qu’à cela ne tienne, on déplace le tout sur deux camions aux Breuleux et on sauve la course.
En 1983 : notre partenaire est le Trail Club of Europe. Il nous confie l’organisation des Championnats d’Europe. Les conditions sont idéales et le résultat financier nous permet d’investir en matériel de toute sorte. L’année suivante, nouveau succès, la place de Saignelégier est reconnue comme étant la plus appropriée d’Europe.1985 : la pluie et le foehn balaient la neige 3 jours avant les Courses.
1986 : Conditions mitigées.
1987 : Bonne édition, avec la pluie à l’arrivée du dernier concurrent le dimanche.
1988 et 1989: Nous préparons une étape de 90 km pour l’Alpirod, ce qui devait être la plus grande course d’Europe. Un travail de titans anéanti faute de neige… deux années de suite.
De 1991 à aujourd’hui
1991 : Les conditions sont excellentes, notre organisation bien rodée, nous accueillons 12000 spectateurs et la venue surprise, le dimanche en fin de course, de Norman Vaughan, 80 ans bien sonnés, 12 chiens et 2 traîneaux. Il est le dernier survivant de la première expédition en Antarctique. Il est 16.00 h, le personnel de sécurité a quitté les lieux. » Je ne me suis jamais perdu en Alaska, je ne me perdrai pas en Suisse « . Il s’élance sur la piste de 24 km, il est de retour à la nuit tombante, ravi d’avoir découvert les Franches-Montagnes. Nous lui offrons 3 jours de détente dans la région, pour laquelle il ne tarit pas d’éloges.
1992 : Le succès va croissant, nous limitons le nombre de concurrents à 120 et attirons 20’000 personnes.
Par la suite, quelques ratés, la pluie, le foehn, mais aussi quelques superbes courses comme en 94, 98, 99, 2003, 2004, 2005.
Conclusion
La manifestation est à haut risque, son organisation doit être à la fois audacieuse et rigoureuse. Avec la neige, le résultat est garanti à tous points de vue. Ce sport n’apporte aucune nuisance à notre environnement et contribue grandement à l’économie régionale.
L’organisation des Courses internationales de chiens de traîneaux et Fête du chien nordique à Saignelégier sera possible tant qu’il y aura d’aussi nombreux bénévoles et d’aussi généreux sponsors.
– Maurice Jobin dit Frisé